Comme le thérapeute de groupe acompagne plusieurs personnes en même temps, dans un contexte professionnel qui stimule chez les participants de multiples enjeux et fait émerger des émotions qui peuvent être assez vives, il semble évident que si vous essayez de tout conscientiser et contrôler, vos capacités intellectuelles seront rapidement débordées. Vous devez donc trouver moyen d'installer des automatismes qui vous demandront à termes moins de conscience et de contrôle. La fluidité ainsi obtenue dans le lien à chacun et au groupe est un pilier essentiel de votre pratique.

Il n'y a pas de secret : en modélisant ce qui se passe durant les cours, mais surtout dans chaque circonstance de votre vie, de façon pugnace et répétée, essayez de repérer le plus finement possible ce qui se passe : "que se passe-t-il pour moi, pour lui ou elle, pour eux, pour nous ? quels lien puis-je faire avec ce qui à été dit ou fait ? suis-je en train d'observer (VAKOG), de calibrer, d'interpréter, de projeter, d'occulter ? qu'est ce qui est de l'ordre du contenu et du processus ?" Les groupes de pairs peuvent aussi être un lieu d'émulation et d'entrainement si vous êtes suffisament et collectivement focalisés sur l'objectif.

Vous exercer, humblement et assidument à devenir toujours plus éveillés et sensibles aux processus du présent, tout en restant associés sensoriellement à ce qui se passe pour vous, permettra d'opérer sans trop d'effort un tri sur les pistes de travail à privilégier, souvent grace à des "signaux faibles" individuels et collectifs, externes et internes que vous aurez osé interroger. En termes de thérapie collective, ce qui est évident et habituel mène rarement à des progrés. "Pour changer, prends des chemins que tu ne connais pas." (Proverbe chinois).